R.A.T.S. est né d’un travail initié à l’université sur le thème de l’animal en littérature et, plus profondément, si l’on remonte le cours des fleuves, le ruissellement des rivières, les résurgences et les jaillissement des sources, à la volonté de se réapproprier des textes étudiés il y a longtemps, de manière parcellaire, dans ces tâtonnements propres aux premières heures de la lecture, puis, plus tard, de l’écriture.

Au commencement était donc l’Odyssée et ses paysages montagneux, forestiers, agrestes et marins qui nous paraissent d’autant plus édéniques - en dépit des drames qui s’y jouent - que nos civilisations contemporaines se sont lancées dans une vaste et inextinguible artificialisation des habitats, comme si l’achèvement, l’aboutissement de notre oeuvre en tant qu’humains était de transformer la planète en une unique conurbation baignant dans un panache de gaz toxiques et les animaux sauvages en sujet d’études des paléontologues.

J’ai donc voulu redonner vie à mes souvenirs du texte d’Homère et les prolonger en un hypertexte où Ulysse n’est pas séparé de ses compagnons mais transposé en groupe soudé et organisé de r.a.t.s. évoluant dans une nature encore plus virginale que celle de l’Odyssée puisque l’humain en est absent car évacué. Ce récit est l’occasion de déployer un bestiaire non pas fantastique mais hybridé de diverses espèces encore existantes sur Terre que les r.a.t.s. vont être amenés à croiser : ours, antilopes, chouettes, chacals et bien d’autres, qui s’offrent comme autant de transpositions et translations du texte original.

J’ai invité l’artiste Bernadette Vercoustre à promener son regard et à réécrire à son tour, par le biais des arts plastiques, l’histoire - cyclique - du retour aux origines.