Dans l'expérimentation littéraire, écrire à trois fait partie de ces moments où l'on flotte dans l'euphorie (la rédaction est trois fois plus rapide, les univers se rencontrent, s'alimentent, s'augmentent) et où on nage dans les péripéties (difficultés à trouver des temps et outils communs, résistance aux tentatives de manipulation de « son » personnage, etc.).
Mais nous voilà en selle, galopant vers ce projet commun d'un roman dans la veine "post-apocalyptique". Chaque Cavalier a créé son personnage et le fait évoluer, dans les limites posées par les autres : Simon pour Cavalier 1, Mathilde pour Cavalier 2 et Fred pour Cavalier 3. Et n'oublions pas Argos, animal d'espèce indéterminée, de plus en plus central dans ce récit des hommes animalisés.
LES TROIS CAVALIERS
3 PHASES pour la fin d'un monde
LA RENCONTRE
AS de ASCOLA
AFTER : Le Monde après le Monde
“Maintenant tu n’as plus de refuges. Tu as peur, tu attends que tout s’arrête, la pluie, les heures, le flot des voitures, la vie, les hommes, le monde, que tout s’écroule, les murailles, les tours, les planchers et les plafonds; que les hommes et les femmes, les vieillards et les enfants, les chiens, les chevaux, les oiseaux, un à un, tombent à terre, paralysés, pestiférés, épileptiques; que le marbre s’effrite, que le bois se pulvérise, que les maisons s’abattent en silence, que les pluies diluviennes dissolvent les peintures, disjoignent les chevilles des armoires centenaires, déchiquettent les tissus, fassent fondre l’encre des journaux; q’un feu sans flammes ronge les marches des escaliers; que les rues s’effondrent en leur exact milieu, découvrant le labyrinthe béant des égouts; que la rouille et la brume envahissent la ville.”
― Georges Perec, Un homme qui dort